Salut ninja. Je ne peux pas te parler longtemps, parce que je suis actuellement réfugié politique à Varsovie et que si je reste trop longtemps, mes opposants vont réussir à tracer ma position exacte. Ils sont partout. Mais je t’en parle après. D’abord, sache que ça a été décidé il y a quelques jours : le spectacle du 23 mars sera un triptyque. Regarde, c’est marqué là :
Mais sais-tu seulement ce que c’est qu’un triptyque d’impro ? Non, hein ? Je le savais, t’as rien suivi. Comme par hasard ! Toujours les mêmes ! Écoute, je veux pas le savoir, donne-moi ton carnet de correspondance. J’ai dit « donne », pas « jette » ! Tu le reprends et tu me le donnes comme quelqu’un de civilisé. Plus vite. Ah c’est comme ça ? Ah c’est comme ça ? OK, tu me suis, on va voir le CPE. On va voir ce qu’il va en dire. Tu l’as cherché, c’est tout ! On me signale que je m’emporte.
Donc un triptyque d’impro, c’est un spectacle avec trois équipes : chacune fait une impro de 25 minutes, avec un thème et un style différent. Sauf que 25 minutes, c’est long. Du coup, les équipes ne font pas 25 minutes d’un coup : elles se passent le relai quand elles veulent. Du coup, pour le public, c’est un peu comme s’il regardait trois cassettes vidéos avec un seul magnétoscope. Mais il va falloir mettre à jour cet exemple, parce que bientôt, les gens auront oublié ce que c’est qu’un magnétoscope. D’ailleurs, on n’est jamais trop sûr : voilà pour toi. Pour en revenir à notre sujet, une autre particularité du triptyque d’impro, c’est que les accessoires sont autorisés : tout le monde se ramène avec un sac d’objets divers et variés et ça permet de s’improviser des costumes ou des décors qui vendent du rêve. Si tu es encore perplexe, je t’invite à venir voir le spectacle. Si tu as compris, viens quand même.
Sur ce je te laisse : les infâmes nouveaux qui veulent renommer ce spectacle en « striptyque » (parce que tu comprends, c’est super drôle, ça fait un peu comme « strip-tease ») me courent après. Ils ne m’auront jamais. JAMAIS !
Je m’offusque. Ce ne sont pas les nouveaux qui ont rebaptisé le spectacle striptyque mais deux anciens : Samuel et Guillaume V. Ils n’étaient pas là, certes, mais leurs esprits avaient respectivement pris possession des corps de David et moi-même. La véritable raison de cette malheureuse dénomination n’a aucun rapport avec « ça fait comme striptease, c’est trop drôle ». Il se trouve qu’ainsi possédée, j’ai fait un lapsus. L’esprit de Guillaume, dans son habituelle galanterie, s’est senti obligé de sauver la face (la mienne). Bien entendu, Samuel ne pouvait pas laisser son ami et co ENArque seul dans cette situation périlleuse. Il a donc appuyé le fait que cette nouvelle appelation était une idée génialissime. Tout ça pour dire que ce nom est à conserver : il est le témoignage de la communion de deux esprits et deux corps alors répartis dans trois endroits différents. N’en déplaise à Schrödinger.